Mon travail de peinture figurative déploie un univers fictionnel composé d’éléments du réel qui, associés ensemble, créent des images énigmatiques.

Bien que ma pratique se compose en série, l’un des éléments récurrent qui la caractérise est la représentation de rebuts métalliques biscornus, choisis pour leur usure. Ces représentations prennent des formes variées. Parfois sujets de natures mortes, ils deviennent des témoins immobiles du temps qui passe. Mais, par un jeu d’échelle, ces mêmes objets se trans- forment en paysages surréalistes ou en architectures imaginaires, décors quasi abstraits, dans lesquelles l’apparition de figures humaines ou animales fait naître de mystérieux récits.

Cette collection d’objets métalliques a été constituée en récupérant les chutes d’autres artistes qui travaillent le métal.

Exclu de la société de consommation de par leur statut de déchet indésirable et à la fois inclus dans une démarche artistique qui est la mienne, valorisées en tant que sujet en-soi. Leurs surfaces écorchées, brillantes, rouillées, marquées par la soudure, sont prétextes à reposer des questions picturales autour de la matérialité et de la couleur.

La répétition des motifs permet d’opérer des gestes plus francs et des textures plus brutes. Le choix du bois comme support privilégié pour ma peinture est une réponse à ces mêmes préoccupations de matière. Enduit avec de la caséine, il offre une surface lisse et polie, adaptée à mes  recherches.

C’est en travaillant plusieurs années dans l’atelier de l’artiste Nasser Alaswadi, pour produire des sculptures en acier, que j’ai moi-même expérimenté la résistance du métal et toutes les étapes de sa transformation. C’est là que mon regard s’est peu à peu habitué puis passionné pour cette esthétique froide et dure.

Dans ce contexte, la mise en scène de personnages donne à voir les contrastes saisissants entre la chair, travaillée de manière réaliste, dans un aspect doux, et le métal, peint avec une technique plus spontanée, à l’apparence hostile. Les figures semblent prises dans un mouvement, mais les objets métalliques les enveloppent de leur masse inerte.

De manière générale, j’aime jouer avec les frontières de l’identifiable en peignant des objets et des espaces non définis, dans le but de créer une zone d’incertitude pour le regardeur.

Presse :

"Ce n’est pas donné à tout le monde d’être vivant. Pas vraiment aux hommes, encore moins aux objets. Souffle inégalement réparti. Partout, les ectoplasmes et les ersatz. Ils habillent les rues, recouvrent les murs. Ils jouent leur rôle, cultivent l’illusion et créent la norme. On s’y habitue. Et il y a les autres, plus rares. Bouillonnant jusque dans les interstices, capables d’animer la pierre, les fourrures, le métal, de remettre sur pied les natures que l’on pensait mortes. L'œuvre de Julie Chevassus en est. Elle recueille les chutes des négligés - êtres, formes, et matières - et leur donne la permission d’être. Pas seul, mais associées à la substance dudit beau, fréquentable, en tout cas intégrés comme tels jusqu’ici par nos sociétés et esprits, et lance non pas un dialogue, mais une complémentarité. Place un signe d'égalité. Et nous permet de porter attention à l’indéfini, au méprisé, et à ceux que l’on ne pensait capable que du silence, à la seule présence modeste et sans apport. Elle abolit toutes les divisions, toutes les censures, auto ou communes. Tout est parlant, significatif. Une ombre, un bout de tôle déformée, des morceaux de soudures, le flou d’un mouvement, un pli, tout. Aussi, tout est théâtre, tant dans chacune de ses toiles les éléments prennent corps, s’agitent, dialoguent, se contredisent ; eau, personnages, traces de passages. Non sans secouer et torturer les psychés. Autrefois, entre 1940 et 1942, l’artiste allemande Charlotte Solomon demandait : “Vie ! Ou théâtre ?”. Julie Chevassus répond “les deux !”, partout. Quels que soient les réceptacles et les vecteurs de ses inspirations. Le sens est partout, le calme nulle part. Et c’est heureux. "

Anthony Cortes, écrivain et journaliste à l’Humanité



CV

Formation

2024     DNSEP, Beaux-Arts de Marseille
2022    DNA diplômée de l’école des beaux-arts de Marseille
2015    Licence de physique, diplômée de l’université Paris-Diderot

Exposition personnelle

2024   Duo Show: Pause, commissariat de Maddar, à la Mûrrisserie, pour le PAC OFF, Marseille
2024    Chutes Libres, commissariat de Maddar, Usines Sugar, Marseille
2024   Translation, commissariat de Arlène Berceliot Courtin, Galerie Art-cade, Marseille
2023    Añicos, Galerie Panards, Marseille
2023   Exposition personnelle au Festival Les hautes Herbes, Paris
2023   Bouquet final, commissariat de Victoire Barbot, Culot 13, Marseille
2022   Hors peindre, centre d’art Les Moulins de Paillard
2022 Hybrid’Art, salon d’art contemporain de Port de Bouc, centre d’arts Fernand Léger
Performance

2022  Une poétique de l’itinéraire : peinture performée dans le cadre d’une invitation de Chourouk Hriech pour accompagner sa discussion performative avec Emanuele Coccia.

Résidences

2023  Angermünde, résidence collective de création au château de l’artiste Clemens Krauss, Muröw, Allemagne
2022  Hors peindre, résidence collective de création au centre d’art Les Moulins de Paillard, Poncé-sur-le-Loir, France

Collaborations

2023   Assistante pour Chourouk Hriech, artiste : production
2023  Warburg Migrations - Savoirs, Images, Personnes, Journées d’études au Mucem
2023  Assistante pour Andrea Carreño, artiste, à Santiago, Chili : peinture et communication
2022  Assistante à la galerie Sissi Club2022 Assistante pour Victoria Palacios, artiste: production, montage d’exposition
Depuis 2021  Assistante pour Laurent Perbos, artiste: production, montages d’expositions
Depuis 2020   Assistante pour Nasser Alaswadi, artiste: production
2018   Stage à la coordination des expositions à la cité des sciences, Paris